Pourquoi y-a-t-il un trou plutôt que rien ?


 

par Elsa Caruelle-Quilin - psychanalyste

 

 

                                   Pourquoi y-a-t-il un trou plutôt que rien ? 

 

Cette question introduit les travaux de préparation de notre journée qui posera la question, au delà d'une clinique de la vérité fondée sur un sujet qui déchiffre la vérité, au delà donc de ce qu'on pourrait appeler une clinique de l'articulation du symbolique, d'une clinique de l'articulation des registres.

 

Avec le discours capitaliste, nous n'avons désormais plus affaire à « un nœud ready-made » (Skriabine), nous n'héritons plus d'un nouage en prêt à porter, celui opéré par le nom du père. Autrement dit, avec le discours capitaliste, le nœud n'est plus à lire comme au temps du sujet supposé savoir, mais à écrire. Le nœud est désormais une construction dans l'analyse (Freud, 1937).

 

Cela signifie que ce que Freud appelait la réalité psychique n'est plus gravée dans le marbre du père mort. C'est ce qu'on appelle de nos jours le déclin du patriarcat : plus de nœud hérité de père en fils (pour les filles, comme on le sait, c'est plus compliqué...). Les coordonnées de la séance analytique vacillent : le sujet supposé savoir, celui fondé sur le nœud ready-made, n'est plus institutionnalisé par notre automatisme mental.

 

Si l'analyste n'est plus le sujet supposé-savoir du transfert ready-made, qu'attendre désormais d'un analyste aujourd'hui ? Notre hypothèse est qu'il s'agit, à même la cure, de construire un nœud, c'est à dire de construire un trou, là où il n'y avait rien.

 

Une jeune analysante de quinze ans, dite schizophrène, consulte, sidérée, immobile. Les yeux fixés dans le vide, elle répond mécaniquement à toute question : «y'a rien » ou « je ne sais pas ». Je sais, par ses parents, qu'elle a déjà « tenté plusieurs psy ». Je lui demande ce qu'il s'est passé avec chacun ? Elle répond : « y' avait rien ». Je lui demande : « pourquoi y aurait-il quelque chose plutôt que rien entre nous ? ». C'est de là que part le texte d'aujourd'hui : la question me semble tout a fait d'actualité dans les cures où le sujet supposé savoir n'est pas fonctionnel, au sens donc où il n'opère plus, automatiquement, un nouage, une réalité psychique de père en fils.

Miller faisait du schizophrène, dans son texte sur l'ironie clinique, l'enseignant du psychanalyste. Qu'elle soit schizophrène n'empêche en rien, bien au contraire, qu'elle nous enseigne un certain réel, c'est même parce qu'elle est schizophrène qu'elle peut nous enseigner ce réel, celui peut-être auquel nous confronte une modernité sans vérité.

Il n'y pas, chez cette jeune fille de réalité psychique : « y'a rien » est l'automatisme mental de son négativisme. La mère m'apprend qu'elle a cessé d'aller en cours, il y a de ça plusieurs années. Ni la mère, ni la fille n'ont d'hypothèse sur le pourquoi du comment : la réalité psychique n'est pas donnée, elle ne précède pas le transfert. La mère me rappelle après la première séance, la nounou s'est rappelé de quelque chose : « au tout début, il y avait cette maitresse qu'elle n'aimait pas ». Nous suivons le fil de l'amour, c'est à dire le fil du transfert.

 

Deuxième séance, « y'a rien », encore... Je demande comment s'appelait la maitresse. J'obtiens un nom puis « y'a rien » de nouveau. Je traverse la pièce, je m'assois côte a côte avec une feuille et un crayon. Je suis saisie par son regard qui émerge tout à coup : « je ne l'aimait pas … elle souriait tout le temps... c'était bizarre... c'était hypocrite ». Je lui demande si ca lui fait bizarre aussi quand je souris. « Non, y'a rien ». Ca m'évoque la présentation clinique où Lacan demande à un patient si il a envie de le tuer lui. Le patient répond que non, Lacan lui dit que c'est bien embrassant... Pourquoi donc, où plutôt comment y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?

 

Je construis avec elle « la maitresse », plutôt que rien donc, à partir de la binarité signifiante enseignée par les entendeurs de voix pour construire leur hallucination (je vous renvoie aux travaux précédents à ce propos). Il s'agit, en quelque sorte, de traiter la maitresse de cette analysante comme une hallucination, soit comme un réel à faire consister, à nouer. Je construis donc la binarité, côte à côte avec la jeune fille : la maitresse donc, est-elle grande ou petite ? Grosse ou maigre ? Blonde ou brune ? Cheveux court ou cheveux long ? C'est là, peut-être parce que j'ai les cheveux courts, que brusquement, une phrase grammaticale s'articule, au delà l'opposition signifiante imaginaire, elle dit tout à coup : « en tout cas, je crois qu'elle avait pas de lunettes » . Nous rions puisque que nous comprenons, soudainement, que  j'ai des lunettes (notons le surgissement du trou des yeux). Je lui demande si ca lui dit quelque chose ces lunettes. « Vous me faites penser a Sibylle Trelawney,  la sorcière d'Harry Potter, c'est les même lunettes ». Comme je m'étonne de lui faire penser à une sorcière, elle précise « mais elle est rigolote comme sorcière et surtout je la trouve énigmatique... j'aime beaucoup les énigmes... j'adore ce mot ». Je lève la séance, non pas sur une équivoque mais sur une articulation des registres : le symbolique s'impose sur l'imaginaire de l'énigme (« j'adore ce mot »).

 

Peut-on parler ici de la construction d'un nœud dans la séance, c'est à dire, comme on le dit autrement, de la mise en place d'un transfert ? On pourrait, mais, privé de la réalité psychique en ready made, la mise en place du transfert se pose de façon beaucoup plus précaire et pulsatile : la séance suivante, il y a, de nouveau, rien plutôt que quelque chose. Le négativisme domine, à la fin de la séance, elle parvient tout de même à dire ce à quoi nous avons affaire: « je voudrais vous dire un truc mais vous n'allez pas aimer... quand je parle pas comme ça, en général, c'est que j'aime pas la personne. Je lui demande : « ah bon ? Est-ce que vous me dîtes que vous ne m'aimez pas ? »  Elle : « Ca dépend des moments en fait ». Je lui dis oui, que ça dépend de ça. Je suspends la séance.

 

Ce que nous enseigne la schizophrénie, c'est la précarité de la réalité psychique, c'est à dire la précarité du nouage qu'est l'amour. Il me semble que c'est ce que nous enseigne aussi toute la modernité, plongée dans le discours capitaliste. Parfois, pas toujours, la réalité psychique est construite dans le temps de la séance, parfois, pas toujours, elle s'inscrit. Il arrive aussi que la séance soit le seul trognon de réel au milieu de rien. C'est cette inscription qui me semble l'enjeu de la cure, au delà de son surgissement pulsatil dans la séance.

 

Mais qu'est ce que c'est qu'un nœud ? Un nœud, ou plutôt un nouage, serait la construction d'un trou (on pense au surgissement des lunettes), avec l'hypothèse en poche donc que ce nouage, cette fonction nœud, opère par le transfert, ou plutôt que cette fonction nœud, cette fonction trou, c'est le transfert. Dans le cas de cette jeune analysante, l'enjeu du transfert, c'est la construction du trou énigmatique du regard par l'articulation des registres RSI.

 

La construction de ce trou n'est pas sans rappeler l'un des derniers articles de Freud, constructions dans l'analyse. Selon Freud dans son article de 1937, la construction est première, l'interprétation n'est que seconde. L'interprétation n'est qu'après-coup. Ca me semble très moderne : la réalité psychique est une construction dont l'analyste, selon Freud, a la responsabilité.

 

La construction  freudienne des théories sexuelles relève strictement de cette logique : la théorie sexuelle infantile est strictement parlant la localisation d'une jouissance, c'est à dire la construction orale ou anale d'un trou autour duquel va graviter tout le savoir supposé de l'enfant (et de l'adulte). La construction d'un trou est la localisation d'une jouissance là où il n'y avait rien, ex-nihilo. Il arrive que la construction de ce trou en séance soit l'objet d'une séance unique avec un enfant.

 

Je pense à cette analysante, anorexique, vierge, qui évoque une scène de séduction infantile où son père la réveille en l'embrassant sur la bouche : « ca y est, ton prince charmant est arrivé !». Elle poursuit « ça m'a choqué... à cette époque je croyais fermement que l'on faisait les bébés en s'embrassant sur la bouche... c'est profondément ancré en moi... d'une certaine façon, je crois que je le crois toujours ». Je lui demande si, à son avis, c'est un hasard que le même trou, la bouche, soit en jeu dans l'anorexie. Silence... Elle répond « non, je ne crois pas que ce soit un hasard ». Le trou, ici, c'est une nomination, c'est l'analyste qui dit le mot trou.

 

A propos d'un livre qu'il a acheté en double exemplaire, croyant l'avoir perdu, avant de le retrouver, un analysant dit : « j'ai pensé à vous le donner... mais je peux pas vous donner un truc ? ». Je m'étonne « ah bon ? » C'est la fin de la séance. Quelque semaines plus tard, il revient à la charge à la fin de la séance : « j’ai un truc pour vous... vous le prenez? ». Je réponds : « Bien entendu! »... il me donne le livre puis, sur le pas de la porte : « Je vous le donne pas, je vous le prête... » Nous rions. La séance suivante, il a fait un rêve dans lequel il doit me rendre « une chaussure de ski que vous m'avez prêté ». Je remarque que c'est le dernier mot de la séance précédente. Lui : « … je rigole, vous pouvez le garder, je vous le donne... ». Il a trouvé drôle de se rendre à un rendez-vous amoureux avec l'autre exemplaire dans la poche « figurez vous que je l'ai perdu en chemin... je ne peux pas croire que tout tourne autour d’un truc unique... c’est pas parce que je vous l’ai donné que je l’ai perdu ». Je relance le mot truc, il se rappelle un enfant qui l'interpelle : « est ce que tu as une voiture ? Non. Une moto ? Non. Un vélo ? Non plus ... mais enfin t’as bien un truc ? Nous rions, c'est la fin de la séance. Quelques séances plus tard, il évoque « la sexualité effrayante des femmes », il associe avec un souvenir d'enfant, un vibromasseur trouvé dans le tiroir de sa mère « peut-être que mon père était là... soyons clair, je n’ai jamais imaginé ma mère se servir de ce truc... moi « ce truc? » Lui « oui, je dis truc pour éviter sa fonction ». C'est bien la nomination qui fait la fonction. On entend la métaphore, « truc » vient se substituer, c'est à dire non pas éviter mais mettre en place la fonction. Le truc est en place, c'est à dire qu'il circule, se déplace, notamment entre l'objet anal et l'objet phallique, équivalence strictement freudienne, métaphore à partir d'un don d'objet construit dans l'espace-temps de la cure, qui débouche, au sens littéral du terme, sur une scène primitive.

 

Il était entendu qu'au temps du sujet supposé savoir, les analystes ne devaient pas accepter de cadeau de leur analysant. Ce cadre ready-made, pour reprendre l'expression de Skriabine est-il toujours opérant ? L'objet est-il désormais non plus à retrouver, mais à construire, dans l'analyse ?

 

Il me semble parfois, même dans des problématiques classiques, que l'équivoque sert le refoulement de ce que Lacan appelle un événement de corps, mis a nu par le déclin du nouage ready made : ce jour-là, elle a une bonne raison, bien entendu, de m'appeler plutôt que de venir en séance « Je n'ai pas le courage de venir vous voir ». Que fait l'analyste de ça, c'est une vraie question il me semble, dans les cures post-covid. Je décide de prendre l'appel. Elle : « Les gens qui passent leur temps à se regarder le nombril, ça me dépasse ... ça ne se fait pas de se regarder comme ça … J'ai pas le temps de me regarder moi...  je me suis même rendu compte que je ne pouvais pas me voir dans le miroir de ma salle de bain... il est trop loin... oui... je ne peux pas me voir quoi... c'est ça ?». Je lui demande ce qui se passe concrètement devant le miroir ... elle répond « c'est drôle que vous me demandiez ça, j'étais justement en train de me dire ce matin qu'il me faudrait un miroir où je puisse me voir ». C'est la fin de la séance, elle « la semaine prochaine, on se voit, physiquement, je vous donne ma parole ! ». On note la grammaire transitiviste : « on se voit physiquement » qui nous donne une indication sur le transfert, c'est à dire sur le nouage en question. 

 

Suis-je, dans cette séance, supposé savoir ce qui se trame ? Il semble que c'est ce à quoi invite la première interprétation métaphorique « Je ne peux pas me voir quoi, c'est ça ?? ». Et pourquoi pas ? Mais qu'est ce que cette autre dimension, que l'on pourrait dire anti-métaphorique  (ne pas se voir physiquement), celle qui prendrait, comme la psychose, les mots pour des choses ? Cette autre dimension touche, il me semble, à ce que Lacan appelle un événement de corps dans la séance, voire la séance comme un événement de corps.

Elle parle depuis quelques semaines, elle parle pour ne rien dire, le sourire affiché, sans demande, sans souffrance (est-ce à dire sans jouissance?). Je ne comprends pas ce qu'on fout là, pour reprendre l'expression de Jean Oury. Elle annule deux séances de suite. Je me dis qu'elle ne reviendra pas. Et pourtant, trois semaines plus tard, la voilà, l'air de rien : « Tout va bien... l'optimisme est ma façade principale... ce travail de façade, ça fait partie de la mécanique qui fait que je ne suis pas allée voir un psy avant, j'avais peur qu'on me découvre une anxiosité... alors que tout va bien » Je lui dit que ce travail de façade a sûrement sa raison d'être, mais qu'on entend moins ce que ça lui coûte. Elle baille beaucoup... je lui dit qu'en tout cas, ça a l'air fatigant ce travail. Elle ne comprend pas : « ce que ça me coûte... ça me coûte pas... c'est presque inné, c'est facile pour moi... sauf une décompensation de temps en temps... je ne sais pas si c'est comme ça qu'on dit... Je ne sais pas pourquoi je ne vous l'ai pas dit... la semaine dernière, j'ai fait une crise de panique démesurée au travail... ça m'arrive de temps en temps ». Je lui demande comment elle imagine ça. « Comme je l'imagine... c'est comme si tous les fragments d'angoisse, de frustration de colère non ressentis s'agglomèrent... et forment soudain une boule... je l'imagine comme une boule... un objet quoi... qui sort brutalement, qui s'expulse en perforant la façade », c'est la fin de la séance.

 

On pourrait dire qu'elle se met en boule, on peut même entendre l'aglo-mère ou la père-foration, mais cela me semble, une fois encore, ne faire que refouler ce dont il s'agit dans cette « sex-pulsion ». La question de la perforation de la façade, c'est a dire du nouage d'un imaginaire troué, relève d'un événement de corps, c'est à dire de la localisation d'une jouissance, de la localisation un trou, « un objet quoi », là où il n'y avait rien.

  

Il me semble que ce que Judith travaille, autour de la question du déni et du clivage, peut être lu dans la même veine : la réalité psychique n'est plus héritée, il faut la construire en séance. Il me semble que c'est ce dont témoigne nombre de cas aujourd'hui, notamment la prolifération contemporaine de viols où les jeunes femmes n'ont dit ni oui, ni non, où l'évènement de corps n'a pas eu lieu, c'est à dire où il n'y a littéralement pas eu de localisation de la jouissance. C'est ce qu'on appelle communément la dissociation qui est, comme vous le savez, une épidémie contemporaine, non sans écho avec le corps de Joyce qui « tombe comme une pelure » (Lacan, le Sinthome). Le nouage de l'imaginaire, sa perforation, n'a pas lieu. 

 

C'est un adolescent dont nous avons déjà parlé, celui qui c'était retrouvé en slip dans la rue, celui du fou rire (voire à ce propos « Fou rire », travaux précédents). Depuis ce qu'il a nommé « cicatrisation », depuis le fou rire entre nous, nous avons perdue la psychose de vue : il fait, lui aussi, à sa façon, « un travail de façade » tout a fait efficace : il va à l'école, il drague un peu, mal sans doute, c'est un adolescent normal quoi. On s'ennuie presque en séance, je me dis que peut-être le travail est terminé, en tout cas jusqu'à preuve du contraire. Ce jour là donc, nous sommes le 1er avril, il n'a rien à dire, je le cite  « rien de spécial... sauf quand même que... (silence il hésite...)... je suis en couple !! » J'écarquille les yeux, surprise, amusée,  impressionnée : « ah bon ?!! » Il répond du tac au tac : « Poisson d'avril!!! ». Nous éclatons de rire, encore une fois. Un évènement de corps c'est peut-être structurellement quelque chose qui se répète.

 

Que nous apprend cet analysant sur l'ironie du savoir-supposé sur sa vérité ? Qu'est-ce que ce surgissement, à l'acmé du transfert, cette répétition du fou rire, d'un évènement de corps ?

 

Je reviens sur cette autre analysante, celle qui voulait se « figer dans un être fixe ». Elle très en colère : « J'ai l'impression que vous avez les clefs dans votre poche et que vous les faites tinter pour me faire rager. Si vous l'avez, pourquoi vous ne me la donnez pas ? ». Le nœud, c'est ici, dans sa version romanesque, la clef de la chambre des parents. C'est un nœud fixe, ou même figé, c'est une cure que l'on pourrait dire « classique » : le sujet supposé savoir voisine avec la persécution : qu'y-a-t-il, au delà de ce que Freud avait repéré comme une paranoïa dirigée, au delà donc du blabla psychanalytique ? Il me semble que c'est ce que nous enseigne l'ironie de ce jeune homme aux éclats de rire. La réalité psychique est un truc, comme dirait le patient précédent, un trucage, un blabla, une construction de la jouissance.

 

J'observais dernièrement, une toute jeune fille de cinq ans. Sa mère est au téléphone avec le père qui fait rire la mère. La mère ne comprend pas tout de suite, sa fille est prise d'un fou rire. Elle raccroche et demande à la fille ce qui se passe, dans une mise en abîme de leur rire, puisque la mère rit désormais de ce que la fille rit aux éclats : « Comme tu ris, je peux pas me retenir de rire ». Au delà du roman oedipien, ce qui a lieu n'est peut-être qu'une pure contingence où la jouissance, brusquement, se répercute en écho, une contingence que notre roman familial, c'est à dire notre réalité psychique ready-made, ne fait peut-être jamais que refouler, alors qu'il s'agirait, au temps du déclin du nom de père, de la performer, à même le transfert. 

 

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