Ce que les non-binaires nous enseignent de ce qu'on attend d'un psychanalyste

 


Par Elsa Caruelle-Quilin, psychanalyste.

 

 

    Je voulais vous parler de ce que nous connaissons sous le nom de non-binarité, transgenre, gender fluide, queer, je voulais vous parler de « Ça », et brusquement je me suis retrouvée, un dimanche après-midi à chercher des fils dans tout mon appartement pour faire un nœud borroméen. Ça faisait tellement longtemps que je n'en faisais plus que je n'ai même pas trouvé un fil de scoubidou ou un de ces cure-pipes avec lesquels je me baladais tout le temps, il y a de ça un moment donc. Je n'ai même pas trouvé de fil de cuisine, j'ai fouillé partout alors même que la solution était sous mes yeux, comme dans le conte de la lettre volée. Pour vous parler de non-binarité donc, je me suis retrouvée, un dimanche après-midi, à arracher les fils des masques sanitaires qui saturent notre champ visuel, pour faire un nœud borroméen.

         Je vous demande donc de prendre ce petit apologue comme une formation de l'inconscient : J'ai arrachés les fils des masques, c'est-à-dire, notons-le, que je les ai tout autant utilisés... Quelque chose dont je veux vous parler aujourd'hui se noue à la crise actuelle, non pas au coronavirus seulement, mais à un changement de discours, à ce que nous appellerons peut-être un jour, un changement de civilisation.

         Nous sommes actuellement, mondialement confinés dans un discours. Force est de constater l'effet tout a fait physique de ce confinement dans un discours : nos corps confinés se virtualisent, au sens propre du mot. La révolution numérique ne naît pas avec le coronavirus, mais, la crise sanitaire passe à l'acte l'extension du réseau, peut-être au sens primitif de l'Esquisse de Freud : télétravail, téléconsultations chez le médecin comme, remarquons  le, chez le psychanalyste, visioconférences, réseaux sociaux... C'est ce que nous appelons désormais « le distantiel ». Nous traquons ou traçons les « cas contact », le « présentiel » comme on dit désormais est interdit dangereux, coupable. L'éclosion néologique de la crise sanitaire dans le discours est un fait clinique.

 

         La crise que nous traversons est une crise de la présence-même, la pierre angulaire de la théorie Lacanienne, même la mythique présence de l'analyste vacille. Nous consultons désormais au choix, par téléphone ou « en visio » comme ça se dit. Le coronavirus est une maladie sexuellement transmissible, le virtuel est un préservatif globalisé, nous sommes préservés de la présence. « Nul ne peut être tué in absentia et in effigie », repérait Freud : ce que nous appelons la mort a changé de place. L'analyste et l'analysant ne serrent plus la main, l'analyste aère le cabinet, propose en libre service du gel hydro-alcoolique pour désinfecter l'analysant, l'analyste a peur de l'analysant. La présence de l'autre infecte l'air que nous respirons, nous assistons à ce qui a la structure d'un racisme généralisé à toute la population masquée.

 

         C'est une jeune patiente, elle a quinze ans, elle est psychotique. La première fois qu'elle vient au cabinet sans sa mère, elle sonne, j'ouvre, j'attends : personne. Quelque chose me pousse à aller jusqu'à la porte de l'immeuble : personne. Je ressens un vif sentiment d'étrangeté, je pense à l'hallucination négative, puis je décide de rentrer dans mon cabinet : toute seule dans l'entrée à scruter le vide, c'est moi qui pourrait bien avoir l'air d'une folle. J'apprendrai par la suite que c'était bien elle qui avait sonné, que la porte ne s'était pas ouverte, qu'elle avait cru, elle aussi, qu'il n'y avait personne. Elle n'avait pas pensé à m'appeler. L'appel, comme Freud le repère dès l'Esquisse, est la dimension originelle de notre vie psychique. Etrange première séance donc : il n'y avait personne même si nous étions là toutes les deux. La deuxième séance, elle nomme ce qu'elle appelle « le vide » : elle ne ressent plus rien, je la cite « ni de positif, ni de négatif ». Je lui demande si pour ressentir, il faut que ce soit positif ou négatif. Elle me répond « oui, positif au négatif, au milieu y'a rien ». Je pose ici comme pierre d'attente la question de la binarité : « positif ou négatif ». Ca n'est pas sans évoquer les plus et les moins de la lettre volée, le bon et le mauvais de la Bejahung de Freud. Binarité positif/négatif, et puis, au milieu, cet espace entre deux, un troisième donc : là où il n'y a rien. Séance suivante, je la cite : « c’est comme si j’étais morte, je me demande si j’existe, parfois on me voit pas, je n’existe pas, c’est comme si j’étais morte parfois ». Je lui demande comment elle revient à la vie. Je la cite : « quand quelqu’un me parle, je sais que j’existe si il me porte de l’attention.... ça prend du temps mais si je réfléchis après pendant des heures, je sais que j’existe ». Je lui demande ce que ça veut dire exister. « C’est être présente, être là ». C'est au moment ou elle dit ça que surgit pour la première fois son regard. Entre deux encore une fois, entre la vie et la mort, « quand quelqu'un me parle », le transfert fonde ce qu'elle appelle « être présente, être là », précisément là donc où il n'y avait personne (premier entretien). Exister, précise-t-elle  « ça prend du temps ». Notons dès à présent la dimension temporelle, construite entre le binaire positif et négatif, le temps comme troisième dimension donc, nous y reviendrons.

 

         Nous assistons ces dernières années à une extension de ce que Foucault appelait le bio-pouvoir, le pouvoir sur le fonctionnement biologique des corps (psychotropes, contrôle des naissances, allongement de la vie, euthanasie, clonage, création de gamètes...). Le savoir scientifique ne soigne plus seulement nos maladies mais structure le bien et le mal, la filiation, l'identité sexuelle, la mort, il structure ce qu'on appelle l'humanité. Ce que Foucault nomme « anatomie politique » n'a pas attendu le coronavirus, mais l'état d'urgence sanitaire pénètre jusqu'au plus profond de l'intimité de nos corps confinés, testés, comptés, de nos corps masqués, désinfectés, « sains et saufs », de nos corps menacés et menaçants, de nos corps disciplinés. La discipline des corps est très concrètement un confinement dans le discours.

 

         J'écoutais lors du premier confinement une émission sur France culture sur « les philosophes et la santé ». Dans le quatrième épisode, Paul B. Préciado, lecteur de Foucault se demande quel est l'idéal de corps qu'une société produit a travers une certaine discipline ? Il ne s’agit pas de nier l'utilité des mesures prises, au contraire, comme le repérait Foucault, plus un corps est utile, plus il est obéissant. 

 

       De fil en aiguille, en voulant savoir plus de Préciado, j'apprends qu'il a d'abord écrit sous le nom de Béatriz Préciado. C'est un philosophe trans donc. L'un de ces bouquins est préfacé par Virginie Despentes. Voilà pour situer le décor.

 

       C'est toujours instructif, les psychanalystes le savent, de prêter l'oreille à ce qui se répète. J'écoute Preciado sur la crise sanitaire et je tombe sur un philosophe non-binaire. C'était la crise du mouvement me too, et brusquement nous nous sommes retrouvés confinés. C'est un constat clinique : le discours féministe contemporain, celui qui tentait de construire une subjectivité non-binaire s'est fait brutalement couper la parole par la crise sanitaire. Nous pourrions parler là d'une sorte d'associations libre du discours social, mais comme nous le savons, l'association n'est pas libre, c'est à dire qu'elle est structurée : le discours non-binaire vise précisément un déconfinement du discours.

 

       De fil en aiguille toujours, je tombe sur le discours de Préciado[1], Trans, non-binaire comme on dit aujourd'hui, adressé aux psychanalystes, ceux de l'école de la Cause en l'occurrence qui l'avaient invité. Je lis le discours écrit, celui qu'il n'a pas pu dire ce jour-là, chahuté, humilié, méprisé par l'assemblée. C'était comme un écho d'une autre scène, celle du jour nous avions invité les entendeurs de voix aux journées de l'école Sainte-Anne, comme un écho de la honte et de la peur que j'avais ressentie devant la foule des analystes prête à les lyncher. Préciado parle donc aux psychanalystes, il vient leur dire qu'ils sont les garants d'une société patriarcale, coloniale et hétérosexuelle. Sommes-nous effectivement blancs, bourgeois et hétérosexuels? Il me semble évident que oui. Quel psychanalyste affiche encore aujourd'hui son homosexualité ? Y a-t-il des psychanalystes transsexuels, ou plus banalement des psychanalystes non-binaires ?

 

       Préciado a lu Lacan. Il sait bien sûr, comme beaucoup d'autres non-binaires, que Lacan est le premier théoricien du genre. La disjonction radicale de l'anatomie et de la sexuation est une opération lacanienne. Il reconnaît la dette devant les psychanalystes, mais, dit-il, Lacan ne se serait pas défait de la binarité. Effectivement, il y a bien deux cotés dans le tableau de la sexuation[2].

 

       Lacan, c'est vrai, a maintenu la binarité des sexes, il s'est  soumis à la logique du signifiant, à ce qu'on pourrait appeler le primat du symbolique. La binarité relève de la logique du signifiant : bon/mauvais, oui/non, dedans/dehors, c'est la Bejahung de Freud[3]. C'est comme ça que s'articule le signifiant, il n'y pas moyen de savoir ce que veut dire « gentil » sans l'opposer à « méchant ». Nous savons que l'opposition signifiante : vivant/mort ne tient plus dans la mélancolie. Nous savons bien sûr que l'opposition signifiante homme/femme ne tient pas, en tout cas nous disons que nous le savons, sans peut-être savoir ce que nous disons, comme nos analysants. 

 

       Lacan donc a maintenu la binarité des sexes. C'est vrai jusqu'au nœud borroméen, ça Préciado ne le dit pas : il n'y a qu'un seul nœud borroméen.  Il n'y a pas de jouissance féminine dans le nœud borroméen. La jouissance Autre n'est pas, comme nous le disons si facilement, la jouissance féminine. Dire jouissance féminine, c'est maintenir la binarité du tableau du séminaire Encore, c'est donner raison à Préciado, c'est peut-être ne pas pouvoir (ou ne pas vouloir) entendre ce qui se joue dans le dernier enseignement de Lacan. Je pose l'hypothèse avec vous, que c'est peut-être précisément parce qu'il serait non-binaire que le nœud borroméen aurait provoqué ce que Lacan repère comme « une aversion des psychanalystes »[4] .

 

       Dans l'émission de Radio sur la crise sanitaire, Préciado parle surtout de notre virtualisation. La révolution numérique s'est enclenchée bien avant le coronavirus mais la crise actuelle fait de la virtualisation un mode de vie. Préciado signale un changement de civilisation, du même ordre, selon lui, que le passage d'une société orale à une société de l'écrit  avec l'invention l'imprimerie. Si nous sommes effectivement en train de vivre un changement de civilisation, sommes nous, psychanalyste, à la hauteur du rendez-vous ?

 

       Je pose l'hypothèse que le mouvement politique non-binaire tente de construire une issue possible à notre virtualisation, c'est à dire à notre confinement dans le discours, confinement dont la crise du coronavirus n'est qu'une mise en forme.

 

         Freud a cru les hystériques, Lacan a cru les psychotiques, force est de constater et que nous ne croyons pas les transgenres, les non-binaires, les gendre fluide, les queer. Force est de constater que nous les méprisons.  Pour quelle raison ne les supposons nous pas savoir ?

 

         Je cite au passage, le verbatim, celui d'analystes pour une fois, des analystes tout a fait respectables et sympathiques, pas du tout parmi les plus réticents, entendus récemment: « Il y a pas simplement une guerre des sexes dans le social actuellement et ça concerne beaucoup de pays et beaucoup d'endroits dans le monde, il y a plus qu'une guerre des sexes, il y une tentative de plus en plus marquée d'aller vers un unisexe qui peut prendre toutes les variables possibles et ce que tu dis à la fin des formules de la sexuation, pour moi c'est très important dans la mesure ou ça reste une référence majeure que, peut-être je ne remets pas assez en question mais qui, pour moi, est très importante, parce qu'elle permet déjà d'avoir des outils théoriques qui pourraient, si ils étaient lus par des théoricien du genre, des genres, pourraient leur donner un éclairage un peu plus ouvert  »...

 

         Remarquez comme nous supposons facilement que les théoriciens du genre n'auraient pas lu Lacan. Si nous ne pouvons pas les supposés-savoir, est-ce parce qu'ils touche au dogme psychanalytique de la différence des sexes ? Sommes nous effectivement, comme le dit Préciado, les gardiens du temple, les gardiens d'un patriarcat colonial et hétéro-normé, renommé pour l'occasion « Nom du père » ?

 

         L'analyste continue : cette uniformisation serait, je le cite, « un produit néolibéral typique ». L'articulation politique de ce mouvement est en effet absolument centrale. L'inconscient disait Lacan, c'est la politique. Ne pouvons nous pas faire l'hypothèse de la non-binarité comme construction d'une subjectivité moderne ?

 

         Un autre psychanalyste parle aussi ce jour-là : « ce qui organise la différence des sexes, c'est un symbole, le phallus, à ne pas confonde, bien évidemment, avec le pénis », il continue pourtant « non pas nier qu'une femme aurait un rapport a l'objet a mais à ce moment là un rapport qui ne serait pas le même ». Vous entendez bien là comme  nous prenons irrésistiblement le pénis pour le phallus, même si, en bon analyste lacanien, nous nous en défendons. Nous récitons notre leçon par cœur. Cet analyste là, c'est tout aussi bien nous, moi.

 

         L'analyste continue : « la crainte, côté homme serait que cette homogénéisation fasse disparaître le désir... c'est une vraie question, car nous n'avons pas encore la preuve que les choses vont continuer tranquillement, comme avant ». Au delà d'un malaise dans la civilisation, le féministe contemporain révèle, nous l'entendons, un malaise dans la théorie analytique...

 

       Pour Lacan, est un homme celui pour qui il y a des femmes, est une femme celle pour qui il y a des hommes. Lorsqu’en 1978 Wittig écrit « Les lesbiennes ne sont pas des femmes», prend-elle Lacan au mot ?

 

       Les non-binaires seraient-ils, en somme, plus lacaniens que nous ? Je cite Lacan : « qu'il y ait un sujet mâle ou femelle, c'est une supposition, une supposition que l'expérience rend très évidemment intenable »[5]. La différence des sexes ne peut se formuler que dans la binarité du fantasme. Etre genré est un fantasme auquel même les non-binaires ont bien du mal à résister. Nous croyons, plus que nous ne l’admettons, à l’homosexualité, à l’hétérosexualité ou à la bisexualité comme relevant du sexe anatomique, alors même que la désarticulation du genre et du sexe anatomique n'est pas féministe mais fondamentalement lacanienne : il n'y a pas trace d'un sexe anatomique dans le tableau de la sexuation, pas de moyen d'affirmer « je suis une femme » dans la théorie lacanienne, seulement de dire, de temps en temps : « tu es un homme ». Il n'est pas sûr que nous assumions la radicalité de telles propositions. Etre genré neutralise la différence en tant que contingente.

 

         Le genre fait valoir l'affirmation (au sens freudien du terme, Bejahung) au lieu de l'assignation du sexe biologique. Le sexe auquel est assigné l’individu à sa naissance laisse dans l’ombre l’opacité de sa jouissance. Cette affirmation est une création ex-nihilo, l'éternelle question ontologique est à nouveau sur la table. Gender fluide ou gender straight, il se pourrait que la construction ex-nihilo de nos analysants non-binaires nous poussent à revoir notre copie, ce serait la moindre des choses de ce qu'on pourrait attendre d'un psychanalyste, il me semble. 

 

         Je vous renvoie aux deux dernières leçons des non-dupes errent [6]: ça peut paraître assez abstrait les nœuds borroméens, mais nous allons voir que c'est au contraire tout à fait concret. Lacan tente de retrouver dans ces leçons, la binarité du tableau de la sexuation dans le nœud. Pour cela, il doit le mettre a plat.

 

SCHEMA 1 : il y a deux mises a plat du nœud, différenciées par leur orientation centrifuge ou centripète par rapport à l'objet a (ce qui mériterait en soi tout un développement), par leur orientation, c'est à dire notons-le par une binarité, lévogyre ou dextrogyre, est-ce à dire par leur orientation sexuelle ?


 


         Il y a plusieurs façons de présenter le nœud, la mise à plat est la plus simple pour ce que Lacan appelle notre « débilité mentale ». Lacan va effectivement, par la mise a plat, c'est-à-dire par l'écriture, différencier deux nœuds : un levogyre, un dextrogyre, alors qu'il n'y a qu'un seul nœud borroméen, un seul nœud que Lacan appelle, dans ces leçons, le « nœud primitif », celui qui « ne cesse pas de ne pas écrire »

         Lacan va placer l'ensemble du tableau de la sexuation sur les deux mises a plat. Je vous passe les détails, l'intéressant, peut-être, là où nous sommes, c'est de relever que ce qui oppose les deux nœuds, c'est désormais l'orientation de la circulation dans l'ensemble du tableau de la sexuation : il n'y a donc plus un côté féminin, un côté masculin mais une circulation levogyre ou dextrogyre dans l'ensemble des jouissances. Il n'y a plus de jouissance féminine mais une circulation dans le sens des aiguilles d'une montre ou dans le sens inverse (on retrouve la question du temps), l'un centrifuge, l'autre centripète par rapport a l'objet a. Notez bien que pour coincer l'objet dans le nœud, il faut circuler dans les trois jouissances. On ne peut pas coincer l'objet, comme on le découpait jusqu'alors, par le primat du symbolique. Notons aussi que dans le nœud, chaque jouissance est nouée entre-deux registres, les jouissances désontologisent en quelque sorte les registres ; chaque jouissance est trans-registres.

 

 

SCHEMA 2 : l''orientation (sexuelle?) est structurellement spéculaire. Le stade du miroir structure l'orientation de l'espace. Le stade du miroir est une mise à plat du nœud.

 

 

 

 

         Ce qui est intéressant c'est de constater que ces deux mises a plat sont le reflet l'une de l'autre. Il est impossible de savoir lequel est le reflet duquel, lequel serait le côte homme, ou le coté femme, dans une mise an abîme de deux images face à face.

 

 

SCHEMA 3 : construction de la troisième dimension ?

 

 

 

 

 

         Il y a deux nœuds à plat donc : le passage de l'un à l'autre peut se faire par transformation (mouvements de Reidemeister). Le mouvement exige, notons le, de repasser par la trois D, c'est-à-dire de franchir l'espace spéculaire, de repasser par le nœud dit primitif, celui qui lui, n'a pas d'image spéculaire, celui qui n'est pas orienté. Le mouvement outrepasse le deux.

 

         Le discours non-binaire vise-t-il à suspendre « pour un temps » la mise a plat, à jouer dans cet entre-deux, comme Winnicott dans l'espace « trans-itionnel » ? La non binarité traverse-t-elle, comme un certain discours analytique, la binarité du fantasme, c'est à dire de l'écriture d'un rapport. Au delà, de la différence des sexes, les non-binaires construisent-t-ils ce que Lacan a pu appeler la différence absolue?

 

         Tout l'enjeu de l'affaire, il me semble, est de ne pas retomber sur une différence pré-langagière, pré-sexuée, sur une différence mythologique, une différence originaire. J'ai la chance de pouvoir entendre une patiente, qui écrit une thèse sur l'invisibilité dans le genre. Elle m'apprend comment elle parle de sa compagne non-binaire : « je dis « iel » pour dire elle, « léa » pour dire la ». Vous entendez toute la richesse de cette construction à même la matérialité de la langue : « Iel », donc : entre il et elle, et il et elle, ni il ni elle, iel, sorte de trans-mot. La fusion de deux signifiants est un phénomène courant dans la construction des  néologismes (un patient parlait du Vanis, la contraction de vagin de de pénis), mais à la différence du néologisme, la métaphore est n'est pas forclose : « iel pour elle, léa pour la ». « Iel », la torsion de la langue française est plus riche, il me semble, que le neutre qui existe dans d'autres langues, l'anglais ou l'allemand par exemple. Je me prends à rêver parfois que la construction non-binaire pourrait aller jusqu'a désaccorder la langue, jusqu'à dire « elle est beau » ou « il est belle », jusqu'à inventer une vérité, une poésie que l'écriture inclusive n'a pas trouvée. Pourra-t-on s'appeler « il » aujourd'hui et « elle » le lendemain, ou sommes nous trop amoureux de notre fixité monothéiste ?

 

         Ni homme ni femme, et homme et femme, trans, fluide, intersexe, une patiente m'appelle pour la première fois. Si nous parlerons plus tard de ce qu'elle appelle sa non-binarité, elle prend seulement rendez-vous ce jour là, au téléphone. Juste avant de raccrocher, je l'entends dire de but en blanc « merci pour votre flexibilité ». Qu'est ce que ca peut bien vouloir dire, « flexibilité », à fortiori quand ce sont les premiers mots d'une cure qui durera peut être des années ? La précarité et la force de la construction non-binaire contemporaine tient peut-être à ne pas se rabattre irrésistiblement de l'un ou de l'autre côté du fantasme. En ce sens la non-binarité serait plus aboutie que le changement d'assignation structurée par la binarité avant/après : avant-après l'opération, avant/après la réassignation. Il ne s'agit peut-être pas, comme on le dit trop vite, de récuser l'écriture, mais de la suspendre, de se déprendre d'une position sexuelle fixe et transcendante, de faire exister la troisième dimension, entre-deux orientations donc. Le réel des lors ne serait plus l'impossible, mais « le possible en attendant qu'il s'écrive »[7], c'est à dire en attendant qu'il soit mis à plat. Notons le suspens temporel : en attendant que.

 

         Un patient raconte un rêve : « je suis dans l'espace », il commente : « je rêve d'aller dans l'espace ». Je lui demande où il est si il rêve d'aller dans l'espace : « je suis hors espace, je suis nulle part, je n'existe pas ». Quel est ce point hors espace, c'est à dire hors discours, hors miroir et donc sans orientation ? Ca m'évoque Lacan,  « Les vraies femmes, ça a toujours quelque chose d'un peu égaré »[8]. Etre féminine c'est souvent ne pas avoir le sens de l'orientation, c'est ce qu'on appelle un stéréotype genré. De quoi parle cette désorientation ? Lacan parle du « rapport du corps dit masculin à celui qui s'avoue féminin»[9]...

         Je reçois un patient, dit schizophrène. Je lui demande si les « pensées pré-pensées » qu'il entend viennent de dedans ou de dehors. « L'opposition n'est pas pertinente » répond-il. Il enchaîne sur l'espace qui l'intéresse en architecture. Il est architecte. Cet espace, dit-il, s'appelle « in between ». Je le cite « c'est un espace, ni dedans-ni dehors, comme une fenêtre par exemple, ni dedans ni dehors, c'est un espace-non espace ». Comme je m'étonne, il précise « ce qu'on ne peut pas qualifier n'existe pas ». Vous entendez bien ici l'au-delà de la binarité, une solution à construire plutôt qu'à lire (puisque précisément ce qui s'écrit est mis à plat). Péciado désire être trans, ni homme ni femme, entre les deux, « in between », comme la fenêtre du patient architecte, dans un « espace-non espace ».  Sommes nous si sûrs de n'avoir rien à apprendre de cet entre-deux, quand Lacan repère l'espace de l'entre-deux morts comme là où doit entrer l'analyste[10]? 

 

         Le même patient architecte la séance suivante : « trop d'intensité m'agresse ». Lorsque je lui demande si il s'agirait de savoir supporter ce trop d'intensité, il me répond du tac au tac: « non, je dirais qu'il s'agit d'en jouir ». On entend ici la tension de l'Esquisse, l'intensité supplémentaire, c'est à dire douloureuse, au delà des frayages[11]. On entend aussi le point visé par Préciado, par Despentes, et par tout le mouvement féministe contemporain : la jouissance.

 

         Ce « trop » c'est aussi un mot qui hante le discours d'une autre épidémie contemporaine : l'anorexie. Emmy a 20 ans, elle est anorexique donc. Elle ne supporte pas d'être touchée : « c'est comme si j'avais une double peau, ca me fait tellement mal en surface que je ne sens rien à l'intérieur ». On entr’aperçoit le rapport, la binarité, de la douleur et de la frigidité. Comme tant d'autres, elle s'est faite sauter dans les toilettes d'un collège par un mec qui savait insister : la pression sexuelle est bien évidemment une question actuelle mais aussi fondamentalement structurelle de la relation hétéro-normée. Sa mère, qui avait lu son journal intime, l'avait traitée de pute. Rien qui ne soit finalement si loin du devenir femme banal, quotidien, structurel. Un jour, elle dit en séance: « tout ce que je fais est politique... le problème c'est que c'est une politique privée ». On entend l'écho de la religion privée de l'homme au rat. Quelques mois après avoir articulé sa privation de politique, le mot « féminisme » capitonne son discours, elle placarde le week-end des affiches féministes avec ses copines, elle va beaucoup mieux. « Ce qui est intéressant, dit-elle, ce n'est pas d'apprendre à être une femme, c'est le désapprendre ». Les anorexiques sont peut-être effectivement des non-binaires en puissance en tant qu'elles auraient trop perçu la binarité en jeu. Cette patiente finira d'ailleurs par attaquer politiquement son symptôme : l'anorexie relevant selon elle de la quintessence de l'identité féminine.

 

         Durant une de ses hospitalisations, il y a quelques années de cela, elle avait mis une jupe dit, elle, son psychiatre, homme je précise, l'avait félicitée : « vous vous êtes réconciliée avec votre féminité ». Elle l'avait haï pour ça.  Est-ce qu'elle se trompe ? Ce serait curieux, il me semble, pour un psychanalyste, de croire qu'un analysant se trompe, qu'il ne sait pas. Ce serait curieux pour un psychanalyste en somme de croire que c'est lui qui sait. Il semble pourtant entendu que nous puissions savamment dire qu'il s'agit là d'une récusation du phallus. Il s'agit toujours, comme au temps de Freud, malgré nos dénégations, de guérir les femmes, surtout les anorexiques, c'est à dire de les reconfiner dans le circuit du sexe et de la reproduction, du féminicide et des violences conjugales par la même occasion. Nous disons «déclin du nom du père» d'un air inquiet là où les féministes disent « récusation du patriarcat ». Force est de constater que, pour paraphraser Lacan, « la politique, c'est l'inconscient ».

 

         Comme le coronavirus, l'anorexie est une pandémie mondiale, une pandémie moderne.  Quel corps est en jeu ? Quel est ce corps moderne, impénétrable, confiné ?

 

 

SCHEMA 4 : le stade du miroir, l'image d'une image

 


 

 

         Dans le jeu de miroir entre ces deux mise a plat, les non-binaires accèdent-ils, au delà de l'identité assignée au fait qu'il n'y a personne devant le miroir plan, que l'image dans le miroir n'est que l'image d'une image (cf les deux images face à face du schéma 2)? Atteignent-ils la sensorialité de ce que Lacan appelle l'image réelle, là ou se fige pour les binaires le un, devant le miroir, auquel nous tenons, au sens propre du terme? Est-ce la raison de ce que Lacan repère chez les analystes « une aversion pour le nœud » [12] ? Le réel, comme vous le savez, c'est le trois.  Au delà donc du 1 du symbolique, au delà du deux de l'imaginaire, c'est à dire de la binarité de la mise à plat, les non-binaires passent-ils dans la troisième dimension, dans le réel du trois ?

         En tant qu'il n'y en a pas un qui s'excepte du miroir puisqu'il n'y a que deux images face à face (Schéma 2), nous toucherions à ce que nous appelons la jouissance Autre. (Notons que c'est la seule jouissance qui change d'écriture entre le nœud de trèfle et l'ouverture du nœud borroméen proprement dit...)

         Beaucoup d'anorexiques dessinent. L'une d'elle dit : « le dessin, c'est un instantané, ca fige, ca fixe le temps ». Cette patiente ne dessine que d'après photo, elle ne peut pas dessiner le mouvement dit-elle « c'est trop rapide, ça bouge trop ». On retrouve le trop d'intensité de l'Esquisse[13], ce trop qui sature les énoncés des anorexiques, ce « trop » rivé à la question de la fixation du temps, c'est à dire remarquons-le à sa spatialisation. Le mouvement, comme nous l'avons vu (schéma 3) exige le passage par un nœud en trois dimensions, sans orientation. Un jour, c'est la première séance d'une autre anorexique, c'est la première phrase de son analyse : « je voudrais me projeter dans le futur mais il y a trop de passé présent en moi.... ». Comme c'est son métier de dessiner, je lui demande la différence, selon elle, entre parler et dessiner. Elle répond : « il y a quelque chose dans le dessin d'intemporel, pas comme les mots là quand je vous parle » - moi « intemporel ? Elle « Oui... pour revenir au temps du début ». On entend la consistance du temps à même le transfert. Elle parle du début de la séance bien sûr, mais elle parle aussi, au sens strict « du temps du début ».

 

       C'est très fréquents chez les anorexiques, il faudrait que tout reste comme « avant » : la chambre d'enfant muséifiée, la peau de la mère, un corps de petite fille, toujours. Une patiente en phase boulimique me parle du monde imaginaire de Peter Pan : « il n'y a pas de temps dans le pays imaginaire », comme je lui fait remarquer le tic-tac dans le ventre du crocodile, elle répond : « c'est moi le crocodile qui ai mangé toutes les horloges du monde ». Je lui demande ce qu'elle compte en faire, elle rit : « il faudrait le chier ». C'est intéressant cette incorporation, cette assimilation réelle du temps lorsqu'on sait que bien souvent, la sortie de l'anorexie passe par la boulimie.

 

         Lene Marie, une jeune anorexique martèle[14] : « je voulais que tout redevienne comme avant ». En l'écoutant je suis frappée de l'écho avec une autre patiente anorexique que j'avais reçue dans la journée. La patiente avait raconté un rêve. Elle avait rêvé qu'elle vomissait des mots de haine sur sa sœur bébé. Elles ont deux ans d'écart. Elle a tout fait dit-elle « pour garder sa maman d'avant ». Au delà de l'interprétation romanesque, ce que Lacan appellerait le mythe familial du névrosé, au delà donc de la jalousie fraternelle, j'entend soudain que l'important, c'est peut-être ce mot : « avant ».

 

         Avant, c'est le temps du mythe, celui des dieux, des dinosaures, celui du père mort. Avant, c'est aussi le temps de la scène primitive, l'origine du savoir, le nerf du transfert. Avant et après, comme nous l'apprend le rêve, sont avant tout des catégories spatiales, équivalentes à une mise à plat devant/derrière, une frise chronologique ou encore en haut/en bas sur un arbre généalogique. L'orientation, c'est à dire la spatialisation, accule le temps à la binarité : Avant/après. Nous nous retournons sur l'avant comme l'enfant se retourne devant le miroir.  Avant est une vision spéculaire du temps. Notons d'ailleurs, qu'alors qu'il a fustigé les stades de développement, Lacan conserve le seul « stade du miroir », peut-être en tant que l'expérience du miroir serait l'expérience même du stade, la mise en place de la binarité avant/après.

 

         Pour écrire un nœud, en 2D donc, vous devez nécessairement anticiper les dessus-dessous, c'est que vous êtes nécessairement engagé dans un après-coup, dans une temporalité orientée, c'est à dire dans une spatialisation du temps : avant/après, vous êtes nécessairement engagé dans une binarité.

 

         Nous sommes  toujours en retard sur notre lapsus, en retard sur le présent que nous ne pouvons savoir que sur le mode de la remémoration, sur le mode de l'avant. Mais quelque chose échappe a cette spatialisation du temps, à ce retournement sur le temps d'avant. Minkowski : « Il y a toujours quelque chose dans le présent qui, sans être oublié pour cela ne s'inscrit pas dans le passé[15] ». Le présent c'est ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire pour paraphraser la formule de Lacan. La psychanalyse a pu se rêver comme la recherche du temps perdu, le passé infantile refoulé, le temps d'avant. L'hypothèse que je voudrais soutenir avec vous, c'est que le temps perdu, le temps refoulé, c'est le présent. Le temps d'avant, le mythe de l'histoire individuelle ne serait qu'une interprétation spatiale, du patient comme de l'analyste, du présent en acte dans la séance. Cette spatialisation du temps n'est pas sans conséquences cliniques. Une patiente anorexique me dit ; « les souvenirs sont des photographies, ce qui manque c'est... la vie ». Il est possible la rétention du passé par les anorexique soit un avortement du présent, c'est à dire un avortement du temps perdu. Il est possible que nous ayons affaire à un temps confiné dans l'espace. Vous entendez comme s'articule notre corps actuel et celui des anorexiques, tout deux impénétrables, confinés de chaque coté de l'espace binaire, dedans/dehors, tout deux sans présent.

 

         Pourquoi ferme-t-on les yeux pour oser embrasser quelqu'un sur la bouche ?  Faut-il fermer les yeux pour oser franchir la fixité de l'espace spéculaire? Tendus vers la décharge, il arrive que nous « fassions l'amour », expression si intéressante. La décharge de l'orgasme signe la fin du « faire l'amour ». Entre le miroir et le nirvana, faire l'amour est très précisément entre deux-morts, ce n'est pas une coupure mais un entre deux. Entre-temps, entre-deux, nous « faisons l'amour » donc, notre corps, celui que Foucault appelait notre prison, se dé-spatialise, il perd son sens de l'orientation. Parfois, nous faisons même l'amour dans le noir. Quand ça arrive, notons que c'est toujours ce qu'on appelle une femme qui demande à éteindre la lumière. En réalité, nous avons surtout très souvent peur du noir, pas seulement quand nous sommes enfant. Dans le noir, en deçà de son reflet spatial, notre corps est perçu, c'est à dire présent. 

 

       Lacan a pu dire que la femme n'existe pas. Nous récitons cette phrase comme un mantra mais force est de constater que La femme est partout à portée de main : elle sature l'espace virtuel, la pornographie l'exhibe sur nos écrans, dans nos fantasme, qu'il soit de viol ou de prostitution. Le fantasme, comme son nœud le démontre, à une structure fondamentalement binaire[16]. Certaines féministes réclament l'abolition du mot femme : c'est quand même une proposition politique forte. Pouvons nous nous contenter de la ravaler à une récusation du phallus ? Le mouvement féministe contemporain, tente-t-il de dire, autrement que par la frigidité des hystériques, qu'il n'y a pas de jouissance féminine ? Pouvons nous construire une autre résistance au confinement dans La femme que la soustraction d'un territoire vierge, qui peut aller jusqu'à l'abstinence radicale, jusqu'à l'impénétrabilité de l'anorexie ? Pouvons nous, voire devons-nous, pour reprendre un terme de l'Ethique à l'étude cette année, construire une autre résistance qu'une résistance spatiale ?

 

       Etre confinée dedans ou dehors de la femme, cela revient peut-être au même c'est à dire à une autre binarité : dedans/dehors. L'enjeu politique actuel des féministes est-il d'inventer une autre résistance, non plus donc une résistance spatiale (on pense à la découpe du corps de l'hystérique), mais une résistance temporelle, une suspension trans-itoire au confinement dans le discours ? Paul B.Préciado ne se dit ni homme, ni femme, dé-fini entre deux mises à plat (il garde le B. de Béatriz à même son nom). Schreber avait déjà construit l'infini de la transformation. Là où était le ça, il ne s'agirait plus d'advenir, mais de s'en tenir au texte freudien, c'est à dire bien de devenir (werden). 

 

       Je reviens a la jeune anorexique du début, celle qui s'était faite sauter dans les toilettes par un jeune homme qui, bien sûr, en aimait une autre, pure et chaste : La femme ici est classiquement binarisée, spatialisée, entre la putain et la vierge. On reconnaît Madame K a ceci près que Dora ne gifle pas monsieur K, elle se fait sauter, peut-être au sens terroriste du terme. Elle dit « quand on s'est laissé objectivée comme ça, on ne peut plus rien attendre ». Est-ce à dire que c'est la dimension temporelle, la troisième dimension, qui a sauté? 

 

       Nous sommes quelques années plus tard : elle est homosexuelle, elle se dît non-binaire. Lorsque je lui demande la différence entre coucher avec un homme ou avec une femme, elle répond : « avec une femme, le  désir sexuel n'est pas au centre... le désir est là mais il peut attendre ». Entre deux femmes donc, le désir peut attendre  Ca m'évoque la phrase de Clémenceau : Le meilleur moment dans l'amour, c'est quand on monte les escaliers. Le meilleur moment donc, « avant » que dans les escaliers, Orphée ne se retourne sur Eurydice, « avant » que le temps ne se spatialise. On retrouve l'avant qui sature le discours des anorexiques. Eurydice,  meurt de ce retournement, de cette spatialisation du temps. La mort d'Eurydice, c'est peut-être quelque chose auquel les non-binaires, c'est à dire la modernité est particulièrement sensible. Je vous renvoie aux récents scandales « me too » et à toute la question du féminicide. 

 

 

Paris, décembre 2020



[1]  Paul B. Préciado « Je suis un monstre qui vous parle », 2020.

[2] Lacan, séminaire XX, « Encore », 1972

[3] S. Freud, « Die Verneinung », 1925

[4] J. Lacan, séminaire XXI, « Les non-dupes errent », 1973

[5] J. Lacan, séminaire XXI, « Les non-dupes errent », 1973

[6] Ibid

[7] J. Lacan, séminaire XXIV, « L'insu que sait de l'une-bévue s'aile à mourre », 1977.

[8] J. Lacan, séminaire V, «  Les formations de l’inconscient », 1958.

[9]  J. Lacan, séminaire XXI, « Les non-dupes errent », 1973

[10] J.Lacan, séminaire VII, « L'éthique de la psychanalyse », 1969

[11] S.Freud, « L'esquisse », 1896

[12] J.Lacan, séminaire XXI, « Les non-dupes errent », 1973

[13] S.Freud, « L'esquisse », 1896

[14] Documentaire « Lene Marie ou le vrai visage de l'anorexie », 2020

[15] E. Minkowski, « Le temps vécu », 1933

[16] J.Lacan, séminaire XXIII, « Le sinthome », 1975

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